Catelyn Elvanaria est probablement la plus ancienne des Fées de Lumière qui soit. Il y a tant de sources et de légendes qui courent à son sujet, que nul ne peut discerner le faux du vrai. Mais il est probable que la Fée Catelyn soit âgée de plus de dix mille années, ce qui fait d’elle la doyenne des Fées Primordiales encore en activité.

En tant qu’ainée, Catelyn fut chargée par Mère-Nature de maintenir l’équilibre naturel et de s’assurer qu’il reste toujours des Fées Majeures pour y veiller. Mais pendant les heures sombres du Schisme de Ley, presque toutes les Fées Majeures furent exterminées. Désormais, Catelyn est l’unique mère de toutes les Fées, la seule autorisée à enfanter. Ainsi seulement pourra être préservée la pureté de la dernière lignée féérique et l’assurance qu’elle puisse perdurer.

Sa dernière-née, Morgwen, est le fruit d’un amour partagé entre Catelyn et Rodan Maximilian Ley, le plus puissant des Archimages humains que le monde n’est jamais porté. Mais comme beaucoup, lors de la dernière bataille de cette révolution manquée, qui porte désormais son nom, Rodan fut terrassé devant les murs imprenables de la capitale Woltanienne.

Humilié par une si cuisante défaite et ravagée par la mort de celui qu’elle aimait, c’est pleine d’aigreur que Catelyn choisi de se replier loin au sud-est, dans des terres sauvages et inexplorées, où les Lycans ne viendraient pas la chercher. Eilëowyn, sa plus jeune sœur, fût la seule à l’accompagner. Moïra, sa jumelle, sa tendre moitié, s’était comme volatilisée. Cauldwën avait été terrassée. Morgwen venait juste d’être intronisée Fée Majeure et elle n’était encore qu’un bébé. Quoi qu’il advienne désormais, Catelyn se devait de les protéger.

La doyenne des Fées Primordiales mis plus de quatre cents années pour se reconstruire et pour poser les bases de ce qui est aujourd’hui la deuxième plus grande puissance politique d’Europae. Depuis Araakonia, la capitale du Duché d’Araakonie, qu’elle a fondé peu de temps après le Schisme de Ley, Catelyn dirige à présent le Conseil Permanent du Protectorat Féérique, dont l’influence s’étend sur tout le sud du continent.

Le Protectorat Féerique fédère aujourd’hui près de trente nations modernes et démocratiques, au développement économique en pleine expansion. Il rivalise sans mal, d’un point de vue technologique, avec les innovations du Grand Empire des Lycans, en privilégiant les inventions et les énergies compatibles avec le renouvellement naturel de l’environnement. Ainsi, en Araakonie et dans de nombreux Territoires Libres, comme l’Aeol, les accumulateurs éoliens remplacent les centrales à charbon. Aux locomotives véhémentes et fumantes sont substitués des trains à grande vitesse, propulsés par l’électricité produite par une dynamo cinétique, en perpétuel rechargement. Dans les cieux flottent de lents aéronefs, dérivant au grès des vents, qui corrigent leurs trajectoires à l’aide de réacteurs, qui émettent des gaz non polluants. En réalité, toute l’ingénierie Araakoniene est basée sur le précepte sacré propre aux Fées de Lumière : préserver le fragile équilibre entre la nature et les créatures supérieurement intelligentes, qui se doivent de la respecter, en gardant en mémoire qu’elles ne font que l’habiter.

Cette vision philosophique est à l’exact opposé de celle prônée par la Guilde des Ingénieurs, le consortium techno-religieux qui guide l’Empire Lycan de Woltany vers toujours plus de richesse et de progrès, au détriment de l’environnement, qu’il ne cesse de malmener. Charbon contre éolienne, acier contre alliages légers, le grand empire du nord pollue à lui seul plus que le reste du Monde, en son entier. Depuis sa victoire lors du Schisme, contre les forces des Peuples Libres conduites par Rodan Maximilian Ley, rien ne semble pouvoir arrêter Stanislass 1er dans sa soif de conquêtes, de pouvoir et d’argent. Cette course industrielle effrénée dévaste le vieux continent et menace de le faire suffoquer.

De son côté, le Protectorat Féerique et sa doctrine écologique continue de se propager. Morgwen ne cesse d’innover et ses découvertes atteignent désormais les plus hauts standards technologiques imposés par la Guilde. Le Protectorat dispose aujourd’hui de sa propre ligne de Transfert de Données à Haute Capacité et commence à structurer d’importantes bases d’informations partagées. Cauldwën arme l’Armée Protectorale, certes pour l’instant peu populeuse, mais dont les membres sont très bien entraînés et équipés. Cette armée surveille essentiellement les frontières en repoussant régulièrement des meutes de Lycan isolées qui tentent de l’attaquer. Eilëowyn s’assure du soutien des Elfes et des dernières créatures surnaturelles vivant encore dans les forêts. Si jamais le vieux Stanislas déclare la guerre, le Duché et le Protectorat seront prêts. Mais pour l’heure, le Loup Blanc semble avoir d’autres projets.

Alors Catelyn, probablement immortelle, regarde cette nouvelle ère de l’histoire du Monde se dérouler. Elle craint qu’elle ne soit la dernière, si les hommes laissent ainsi les Lycans la consumer. Dans l’espoir de jours meilleurs, Catelyn collectionne les amants afin de s’accoupler, pour que jamais ne s’éteigne la lignée des Fées. Presque toujours enceinte, la vie de Catelyn Elvanaria, Archiduchesse d’Araakonie et mère de toutes les Fées consiste à diriger, à sonder l’avenir et à peser longuement chacune des décisions que prend le Conseil Permanent au nom du Protectorat ou du Duché. Par de nombreux agents secrets, elle tente localement de freiner l’expansion industrielle de la Guilde des Ingénieurs et de leurs maîtres damnés.

La doyenne des Fées Primordiales ne pratique plus vraiment la magie, mais on dit d’elle qu’elle est capable de catalyser n’importe quelle Flux Mystique dont l'ADN porteur de la vie, afin de le modeler au grès de ses envies.